L’introuvable capitale du Mali. La question de la capitale dans
l’historiographie du royaume médiéval du Mali
The capital that cannot be found: The question
of the capital in the historiography of the medieval kingdom of Mali
Hadrien Collet
Résumé | Index | Plan | Notes de l'auteur | Texte | Bibliographie | Notes | Illustrations | Citation | Auteur
Résumés
Parmi les
nombreuses hypothèses portant sur la capitale du Mali à son apogée (xiiie-début xve siècle), celle de
Niani, apparue sous la plume des « historiens coloniaux », a connu la
plus belle fortune. Construite par l’histoire coloniale, puis partiellement
déconstruite à partir des années 1970, l’hypothèse de Niani, bien que porteuse
d’une façon de faire de l’histoire aujourd’hui révolue, continue d’avoir ses
partisans. Apparue en 1923, elle traverse l’époque coloniale et celle des
indépendances des années 1960 avant de se retrouver confrontée à la méthode
critique de l’histoire académique et de l’archéologie. Cette étude propose donc
d’appréhender l’historiographie spécifique à Niani, qui reflète les évolutions
de l’écriture de l’histoire ancienne du Soudan, et de faire le point sur l’état
des recherches actuelles sur la question de la capitale du Mali.
In the writings of “colonialist historians”, the
hypothesis of Niani was certainly the main one formulated about the capital of
medieval Mali at its height, from the 13th till the middle of the 15th century.
This hypothesis, produced by colonial history in 1923 but partially
deconstructed since the 1970s, still has strong support despite its outdated
approach to writing history. It was advanced during the colonial era and the
period of independence (the 1960s), before being subjected to a critique from
academic history and archaeology. The historiography of Niani is presented as a
reflection of trends in the writing of the history of the ancient Sudan, and
current research on Mali’s capital is examined.
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Plan
Notes de
l'auteur
Cet article
doit beaucoup à la patiente relecture et aux précieux conseils de Camille
Lefebvre, Thomas Vernet, Robin Seignobos et Bertrand Hirsch qui ont toute ma
gratitude. Tous mes remerciements vont également aux personnes qui m’ont aidé
dans ce travail.
Par
ailleurs, tous les noms et mots arabes font l’objet d’une translittération
selon la norme din-31635, dite
« translittération Arabica » tandis que les toponymes et les
noms propres les plus connus suivent l’usage commun des écritures francophones.
Les noms et les mots arabes figurant dans les citations et les références
bibliographiques sont reproduits exactement comme dans le texte d’origine.
Texte
intégral
1L’histoire
de la capitale médiévale du Mali est une histoire fragmentée. Lorsqu’on aborde
pour la première fois l’ensemble des études qui y sont consacrées, on se
retrouve confronté à une succession de désaccords et de consensus :
existence d’une seule capitale sur la longue durée, de deux s’étant succédé, de
plusieurs capitales périphériques constituant des centres
« décentrés » ou bien d’une capitale itinérante, toutes les idées
sont émises. A celles-ci s’ajoutent les divergences autour de l’emplacement
physique du ou des sites et de leurs noms.
2Parmi les
diverses hypothèses avancées, celle de Niani a connu la plus grande longévité,
à tel point qu’elle apparaît encore aujourd’hui comme la capitale médiévale du
Mali dans de nombreuses publications. Le nom de Niani, employé seul ou avec son
épithète « Sankarani », désigne généralement les ruines situées le
long du Sankarani, affluent du fleuve Niger, et proches du village de Niani en
Guinée, près de la frontière guinéo-malienne.
1
S. Dulucq utilise cette expression en l’appliquant aux
administrateurs coloniaux, liés au monde ac (...)
3L’hypothèse
faisant de Niani la capitale médiévale du Mali a été élaborée à partir des
années 1920 sous la plume des « historiens coloniaux1 », au point de devenir une véritable doxa à l’époque, puis a
été consacrée par une série de fouilles en 1965, 1968 et 1973, conduites par
l’équipe polono-guinéenne dirigée par Władisław Filipowiak. Ces trois campagnes
n’ont pas réussi à prouver que le site de Niani était bien la capitale
médiévale du xive siècle,
ce qui n’a pas scellé son sort pour autant.
2 W.D. Cooley,
1966 (1re éd. 1841).
3 J.Vidal, 1923a.
4Les débats
autour de la localisation et du nom de la capitale du royaume du Mali durent
maintenant depuis 1841, avec la parution de la première grande étude de
l’histoire africaine subsaharienne, The Negroland of the Arabs2, publiée par William Cooley. Ceux relatifs à la question de Niani,
capitale supposée, ont pris forme en 1923 avec un article de l’administrateur
colonial Jules Vidal3.
4
Cette nécessité est sûrement encore plus grande à cause de l'épineux
problème de la décolonisation (...)
5 Pour
une réflexion d’ensemble sur cette question, voir D. Pestre, 1995.
6 T.Monod, avril 1959, p.34.
5Cela nous
amène à un autre problème, soulevé pour toute question relative à l’histoire
médiévale du Sahel, celui d’être confronté à une littérature extrêmement
disparate. En effet, qu’on se trouve devant l’étagère d’une bibliothèque ou
devant une bibliographie, il faut composer avec un corpus dont les éléments
obéissent à des logiques et des histoires différentes. Or il n’est plus
possible aujourd’hui d’étudier l’histoire ancienne du Soudan sans procéder à un
minutieux travail de déconstruction de l’œuvre et de la pensée de chaque
auteur, tant leur manière d’écrire l’histoire est un reflet de
l’historiographie de leur temps4. En somme, il s’agit d’appliquer aux historiens du passé la même méthode
que l’on applique aux sources5. En 1959, dans sa préface au numéro spécial de Notes africaines
consacré à l’empire du Mali, Théodore Monod, directeur de l’Institut français
(puis fondamental) d’Afrique noire (ifan)
de Dakar, écrivait : « L’histoire ne se fabrique pas. C’est une
réalité objective à découvrir, à explorer, à décrire. Avec son vrai visage, et
non celui que, consciemment ou non, parfois nous lui souhaiterions6. » En réalité, les matériaux qui nous permettent d’écrire l’histoire,
qu’ils soient écrits, oraux ou gravés dans la pierre, ne sont jamais objectifs.
Ils sont eux aussi biaisés par la pensée et les pratiques de leur époque et de
leurs auteurs. La « réalité objective » dont parle Monod est une
chimère dans la mesure où tel auteur arabe aura écrit en fonction de sa
formation littéraire et de ses représentations, et telle tradition orale aura
été façonnée par un contexte politico-culturel précis. Il n’y a donc pas à
découvrir une vérité cachée mais à comprendre une pluralité de discours
subjectifs sur un même objet. L’histoire du Soudan médiéval ne peut plus
s’écrire aujourd’hui sans ce double examen des sources et des procédés
narratifs construits à partir de celles-ci par une historiographie traversée,
ici peut-être plus qu’ailleurs, par un ensemble d’idéologies.
6L’historiographie
spécifique à Niani, qui puise ses racines dans l’histoire coloniale, reflète
les évolutions épistémologiques, méthodologiques, et les changements dans les
courants historiques qui s’opèrent des années 1920 à aujourd’hui. L’accent sera
mis sur les évolutions de cette période, sur la préférence donnée à certains
types de sources à certains moments, les manuscrits arabes pour la science
coloniale et les traditions orales dans les années 1960 par exemple, et les
raisons de ces choix, jamais innocents et toujours liés à un contexte politique
ou idéologique.
7
P.F. de Moraes Farias,
2003.
7Au début
des années 2000, deux études majeures sont venues renouveler en profondeur
l’approche critique à adopter vis-à-vis de l’histoire du Soudan médiéval. La
première, celle de P.F. de Moraes Farias sur l’épigraphie médiévale et les
chroniques soudanaises, a entraîné une remise en cause de l’utilisation des
différentes sources disponibles pour penser l’histoire de la région. En
insistant sur le fait que chaque catégorie de sources obéit à ses logiques
propres, il a montré que, si elles peuvent être concurrentes voire
contradictoires, elles racontent des histoires qui leur sont spécifiques, et
qu’il convient de les étudier de façon critique plutôt que d’accorder la
primauté à l’une sur l’autre. La dimension heuristique de cette approche est
importante car elle rend possible une compréhension plus juste des conditions
et des raisons de production de tel ou tel récit historique local7.
8
P. Masonen, 2000.
8La seconde,
celle de Pekka Masonen, s’intéresse à l’historiographie européenne consacrée à
l’Afrique médiévale, au Ghana et au Mali en particulier, et procède à un
patient travail de restitution du processus de découverte littéraire de
l’histoire du Soudan par les Européens et de déconstruction de certains mythes
historiques et historiographiques, éclairant davantage les mécanismes mis en
œuvre dans l’écriture de cette histoire, tant au niveau local qu’au niveau
européen8. Sa méthode est novatrice car il traite la
littérature historiographique comme les sources primaires dont se sert
n’importe quel historien pour ses recherches.
9Ainsi nous
tâcherons ici de combiner ces deux démarches ; accompagner un travail
approfondi sur les productions historiques coloniales et postcoloniales d’un
travail critique sur les sources, toujours en précisant la source utilisée par
un auteur ainsi que ses raisons.
9 Voir
par exemple le travail de S. Nixon à Es-Sūq (S. Nixon, 2010 ; S. Nixon et al., 2011), qui a p (...)
10Enfin,
l’archéologie historique a apporté un nombre important de nouveaux éléments sur
l’organisation de l’espace sahélien et sahélo-soudanien à différentes échelles9. Plutôt que de considérer les traditions orales dans leur dimension
narrative, elle s’en sert davantage pour leur capacité à révéler l’emplacement
de sites archéologiques à travers la place que ces derniers occupent dans les
mémoires collectives locales. Le travail de K. MacDonald dans la région de
Ségou, par exemple, est venu relancer un questionnement déjà ancien sur la
possibilité d’un territoire malien multipolaire.
11La
présente étude propose donc de parcourir à nouveau l’importante production
historique et archéologique relative à Niani et aux autres capitales supposées,
en mettant l’accent, en premier lieu, sur le travail produit en contexte
colonial et sa préférence pour les sources arabes au travers par exemple de la
question du nom de la capitale. Dans un second temps, nous étudierons les
nombreux aspects de la postérité de Niani en essayant de comprendre pourquoi
les conclusions des fouilles polono-guinéennes, qui n’ont pas réussi à
démontrer le caractère médiéval du site, n’ont pas forcément poussé certains
historiens à se désintéresser du site. Cela nous amènera à nous intéresser aux
nouvelles formes que prennent les interrogations relatives à la capitale
médiévale du Mali à partir des indépendances, tant dans les discours nationaux
maliens et guinéens que dans les cercles académiques.
10
Maurice Delafosse (1870-1926) est un administrateur colonial, linguiste,
enseignant et essayiste. (...)
11
J.-L. Triaud, 1998,
p. 215-216.
12
J.-L. Triaud, 1998,
p. 217.
12Il
convient tout d’abord de mettre au jour et d’analyser la documentation utilisée
pour écrire l’histoire du Mali, et de sa capitale notamment, à l’époque
coloniale. Cette présentation est nécessaire dans la mesure où les
« historiens coloniaux » accordaient une place prééminente à la
littérature arabe écrite. L’œuvre de Maurice Delafosse, fondatrice pour les
études françaises de l’histoire du Soudan, éclaire de façon décisive les
méthodes et les pratiques employées au tournant des années 1920 pour l’écriture
de l’histoire des royaumes sahéliens anciens10. J.-L. Triaud a recomposé, par une restitution fidèle des
trajectoires personnelle et professionnelle de cet administrateur colonial, le
parcours qui a conduit celui-ci à devenir le grand spécialiste de l’histoire
soudanaise de son temps. Nous focaliserons ici notre attention sur la nature
des sources qu’il utilisait, qui relève tant d’une histoire positiviste que de
spécificités liées aux originalités de son terrain. Professeur d’arabe
dialectal à l’Institut des langues orientales, c’est avec les versions
traduites en français des sources arabes qu’il travaille principalement, les
complétant avec les monographies réalisées par les administrateurs sur le
terrain11. Bien qu’il ne fût pas historien de métier, il
écrivait l’histoire selon le modèle dominant de son époque, le positivisme de
l’école historique « méthodique », ce qui lui faisait préférer les
textes écrits à tout autre support. Cependant, associer son travail à du
« positivisme pur » serait réducteur sinon erroné. En décalage avec
cette historiographie française, il réserve ainsi une place aux traditions
orales. Elles viennent compléter les lacunes et les silences des manuscrits
arabes, constituant un corpus de sources auxiliaires qui se tient à disposition
quand cela est jugé nécessaire12. Ainsi, comme nous le verrons, même dans une situation où les traditions
orales sont à l’origine d’une découverte, un site en ruine par exemple, les
« historiens coloniaux » n’auront de cesse de revenir aux sources
arabes et de les réinterpréter en fonction de leur hypothèse du moment. C’est
précisément le cas de Niani. Découverte dans un premier temps par Jules Vidal
par l’intermédiaire des récits oraux, elle va ensuite générer un important
mouvement de relecture des documents arabes.
13Mais avant
d’y venir, arrêtons-nous un moment sur ces sources arabes en question et en
particulier sur le personnage d’Ibn Baṭṭūṭa, figure centrale des études sur le
Mali médiéval.
13
P. Masonen, 2000,
p. 306-318.
14
Comme l’épigraphie dans la région Gao par exemple, voir P.F. de Moraes
Farias, 2003, p. lv. (...)
15
Timothy Insoll parle d’« abus d’usage » (T. Insoll, 1994).
14Pekka
Masonen a restitué la chronologie des découvertes des sources arabes traitant
de l’histoire du Sahel ancien. Ces manuscrits arabes, les chroniques de
Tombouctou notamment, découverts en partie au fur et à mesure que les
puissances européennes mettaient en place les bases d’une occupation durable en
Afrique de l’Ouest, furent immédiatement l’objet d’une grande fascination et furent
rapidement traduits en plusieurs langues13. Si bien qu’ils devinrent pour longtemps les sources privilégiées de
l’écriture de l’histoire de royaumes prestigieux comme ceux du Ghana, du Mali
et du Songhay, au détriment d’autres supports, comme l’épigraphie, tout aussi
fondamentaux pour éclairer le passé de certaines régions14. Cette utilisation à outrance15 s’explique aussi par le fait que les informations disponibles sur
l’histoire du Mali, en dehors de quelques traditions orales, étaient assez
rares. En outre, elle se comprend également par les grands noms arabes qui ont
parlé du Mali, tels al-ʿUmarī (1301-1349), Ibn Baṭṭūṭa (1304-1368) et Ibn Ḫaldūn (1332-1406). Eu égard à la caution
intellectuelle apportée par des auteurs occupant une place prestigieuse dans la
littérature arabe, les historiens coloniaux leur accordèrent la plus grande
confiance et n’entreprirent pas une critique poussée de leurs œuvres, ce qui
eut pour effet une exploitation littérale, voire purement factuelle, des
renseignements relatifs au Mali.
15Le
personnage le plus sollicité par l’historiographie coloniale fut sans conteste
Ibn Baṭṭūṭa. En effet ce dernier, dans sa relation de voyage, ou Riḥla, raconte le périple qu’il aurait entrepris en
direction de la capitale du Mali, dans laquelle il aurait séjourné de février
1352 à décembre 1353. C’est précisément sur cet itinéraire, aller et retour,
que se sont cristallisées la plupart des études essayant de retrouver
l’emplacement de la capitale :
16
J. Cuoq, 1975, p. 296-301.
Lorsque je
fus décidé pour le voyage vers Mâllî, qui est à 24 jours de marche pour qui se
dépêche, j’engageai un guide des Massûfa. [...] Après dix jours de marche
depuis Iwâlâtan, nous arrivâmes au bourg de Zâgharî. C’est un gros bourg,
habité par des Sûdân appelés Wandjarâta. Habite avec eux un groupe de Blancs,
qui suivent le rite Ibâdiyya des Khawâridj. Les sunnites malikites blancs sont
appelés chez eux Turî. De ce bourg on exporte du mil vers Iwâlâtan. Nous
marchâmes ensuite depuis Zâgharî et arrivâmes au grand fleuve, c’est-à-dire le
Nîl, sur lequel se trouve la ville de Kârsakhû. Le Nîl descend de là sur
Kâbara, puis vers Zâgha. [...] Le Nîl descend ensuite vers Tunbuktû, puis vers
Kawkaw. [...] Nous marchâmes ensuite depuis Kârsakhû et nous arrivâmes au
fleuve Sansara qui est à environ dix milles de Mâllî. Les Sûdân ont coutume
d’interdire aux gens d’y pénétrer sans autorisation. J’avais écrit auparavant à
la communauté des Blancs [...] pour qu’ils louent pour moi une maison. Quand
j’arrivais près du fleuve mentionné, je le traversai par le bac et personne ne
me le défendit. J’arrivai ainsi à la ville de Mâllî, capitale du roi des Sûdân16.
16Le Iwālātan
d’Ibn Baṭṭūṭa correspond à la localité de Walata, dernière ville connue empruntée par
le géographe. C’est donc autour des villes perdues de Zāġarī, Kārsaḫū et du fleuve Ṣanṣara qu’ont achoppé toutes les
tentatives d’identification jusqu’à aujourd’hui. La capitale du Mali ne fut pas
la dernière destination soudanaise du voyageur marocain. Nous possédons aussi
une description du chemin de retour emprunté au départ de la ville (que nous
arrêtons volontairement à la première ville aujourd’hui indentifiable) :
17
J. Cuoq, 1975,
p. 312-315.
J’en partis
le 22 muḥarram 754 [28 février 1353]. […] Nous
gagnâmes la route de Mîma. […] Nous arrivâmes à un grand canal qui sort
du Nîl. On ne peut le passer qu’avec des embarcations. Ce lieu est
infesté de moustiques. On n’y passe que de nuit. Nous arrivâmes à ce canal dans
le premier tiers de la nuit, qui était éclairée par la lune. […] Notre halte,
près de ce canal, eut lieu dans un gros bourg qui avait pour chef un Sudân,
un pèlerin (de la Mekke), plein de distinction, du nom de farba Magha.
[…] Nous quittâmes ce bourg près du canal et arrivâmes à la localité de Kuri
Mansa. […] Je voyageai ensuite vers la localité de Mîma. Nous fîmes halte près
des puits en dehors de la localité. Nous voyageâmes ensuite vers la ville de
Timbuktû17.
18
Voir plus bas les différentes études qui ont été réalisées à partir du
texte d’Ibn Baṭṭūṭa. (...)
19
Voir A. Muhammad,
1985 ; P.F. de Moraes Farias,
1985 ; T. Insoll, 1994,
2004 ; J. Hunwick, 2005.
(...)
17Il s’agit
du seul récit dont nous disposions aujourd’hui, décrivant un voyage entrepris
dans l’intérieur du Mali médiéval. Ainsi une étude méticuleuse de celui-ci a
longtemps été considérée, de J. Vidal (1923) à J. Hunwick (1973),
comme la clé devant permettre de retrouver la capitale18. Toutefois, l’utilisation positiviste de cette documentation, qui
caractérise l’histoire coloniale, a commencé à être remise en cause à partir
des années 1980 par le biais d’un travail critique portant sur les projets
littéraires, la formation intellectuelle et le regard sur l’Afrique noire de
ces auteurs arabes19.
20
F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003.
21
F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003, p. 105.
22
F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003, p. 97 et 105.
18En ce qui
concerne Ibn Baṭṭūṭa, ce nouveau champ de réflexion a amené François-Xavier Fauvelle-Aymar et
Bertrand Hirsch à remettre en cause l’authenticité d’une partie de son voyage20. Ils soulignent qu’il est frappant de constater, en lisant sa relation,
que la structure narrative adoptée par l’auteur est altérée à chaque fois qu’il
atteint les frontières du monde connu par la science géographique
arabo-musulmane de son époque, dont les représentations reposaient encore
largement sur la géographie ptoléméenne. Les auteurs soulignent ces anomalies
présentes dans le récit, font état de « jeux de miroirs » et
s’étonnent du peu d’informations livrées sur la capitale, pour ce qui a été,
d’après les dates données par l’auteur lui-même, son plus long séjour dans un
même endroit en dehors de La Mecque et de périodes où il stoppe volontairement
ses voyages pour entrer au service de souverains locaux, comme à Delhi par
exemple21. Au Mali, il abandonne son questionnaire et sa grille
de lecture habituels, et ne décrit quasiment pas la capitale, chose à laquelle
il a pourtant habitué son lecteur au sujet de nombreuses grandes villes au
cours de son récit22. La rupture dans sa narratologie se situerait à
Walata, où le voyageur fait lui-même état de son intention d’annuler son voyage
vers la capitale, suite au manque d’égards dont il juge avoir été victime de la
part des officiels du Mali avant de se résoudre finalement à s’y rendre. Il est
envisageable de penser qu’à partir de ce point il aurait pu se contenter de
recueillir des informations auprès de marchands habitués à commercer au Mali.
Quoi qu’il en soit, de l’aveu des deux auteurs eux-mêmes, s’il n’est pas
possible d’apporter une réponse claire et définitive à la présence réelle ou
non d’Ibn Baṭṭūṭa dans la capitale du Mali, il est permis de douter de certaines parties de
ce récit.
23
P. Masonen, 2000,
p. 458-461.
19Le choix
de Niani comme capitale médiévale du Mali n’avait rien d’évident. Que l’on se
situe du point de vue des sources arabes ou des traditions orales, plusieurs
villes pouvaient prétendre à ce statut prestigieux. P. Masonen a déjà
montré l’évolution des postulats sur la capitale médiévale du Mali. De
W. Cooley (1795-1883), qui propose en 1841 une première hypothèse en
l’identifiant à Binni, près du village de Samé et de la rivière Joliba, aux
années 1920, où le consensus se forme autour de Niani, l’emplacement supposé de
la capitale change plusieurs fois23.
24
P. Masonen, 2000,
p. 460.
20Cependant,
lorsque P. Masonen affirme : On account of the combined work of
Delafosse and other French writers, the hypothesis that Niani-on-Sankarani was
the imperial capital of ancient Mālī became deeply rooted in the historiography
of Western Africa24, il met en avant M. Delafosse, figure de proue
de l’histoire coloniale française, au détriment de Jules Vidal, alors que
celui-ci est le premier administrateur français à proposer Niani comme
capitale.
25
J. Vidal, 1923a, 1923c,
1924.
26 Bulletin
officiel du ministère des Colonies, 1900, p. 456.
21Les
informations sur la vie de J. Vidal sont difficiles à rassembler. Il
apparaît soudainement sur la scène des historiens coloniaux lorsqu’il publie
trois articles, deux sur le Mali et un sur le Ghana, dans le numéro du Bulletin
du Comité d’études historiques et scientifiques de l’aof de 1923, puis un autre dans celui de 1924 sur la
légende de Sunjata Keita, avant de disparaître à nouveau des publications25. Il aurait été nommé à l’« emploi d’administrateur adjoint de 3e classe
des colonies » à partir du 7 avril 190026. La deuxième occurrence que nous ayons trouvée, qui intervient plus d’une
décennie plus tard à l’occasion de la notice qui est jointe à l’évocation de sa
promotion au rang de chevalier de la Légion d’honneur, a le mérite de nous
éclairer un peu sur sa formation :
27
M. Ruedel, L.-G. Thebault, Les Annales coloniales,
27 juillet 1912, p. 2.
M. l’administrateur
Vidal, après un court passage aux communes mixtes d’Algérie, sert au Soudan
depuis près de vingt ans. Il a rendu les plus brillants services, même pendant
l’occupation militaire, par ses qualités d’exceptionnelle énergie et
d’endurance et par sa connaissance de l’arabe et des dialectes soudanais. Nul
mieux que lui ne méritait la haute distinction qui vient de lui être octroyée.
Vidal, administrateur de 1re classe des colonies27.
28 Le
titre de sa fonction est mis en exergue et accompagne son nom dans chacun de
ses articles.
29 Par
exemple dans son article sur le Ghana : « Grâce […] aux informations
que j'ai pu recueillir da (...)
22Le reste
des renseignements est donné par J. Vidal lui-même dans ses articles. En
1923, il est administrateur en chef des colonies28. À l’instar de Delafosse, il semble qu’il ait combiné une vie d’administrateur
et une vie de chercheur. Il fait souvent état de son travail de terrain et des
informations qu’il tient des populations29. Avant décembre 1922, il réalise une première étude sur la capitale du
Mali avant d’effectuer un travail de terrain à Niani en décembre 1922 pendant
la saison des hautes herbes, ce qui rend impossible la pratique de fouilles.
Dans son second article, daté du 20 février 1923, il fait de
Niani-Sankarani la capitale médiévale du Mali. Il est malaisé de connaître
précisément l’attitude qu’il adoptait vis-à-vis des populations dont il
sollicitait l’aide et même de connaître la manière dont il obtenait cette
« aide », mais il exprime clairement par moments un certain mépris :
30
J. Vidal, 1924,
p. 317.
Au cours de
mes recherches sur l’emplacement de l’antique Malli, alors me trouvant à
Kangaba, j’étais entré en relation avec les griots de Kyela, gardien attitrés –
si je puis dire – de la tradition des anciens souverains du Mandings, je n’ai
pas manqué de leur demander de me conter l’histoire du célèbre fondateur de
l’empire30.
23Étant
arabisant lui-même, son histoire privilégie largement les sources arabes. Bien
qu’il se soit intéressé à la tradition relative à Sunjata Keita, il réfute tout
lien entre Niani et celui-ci, donnant par la même occasion implicitement sa
préférence pour les auteurs arabes :
31
J. Vidal, 1924,
p. 328.
Pour en
terminer avec cette trop longue contribution à la remémoration d’un héros qui
fut plus un chef de bande et un aventurier qu’un guerrier digne de ce nom,
j’ajoute que Soundiata ne parvint, au cours de son existence épique, à fixer sa
résidence nulle part, vivant au hasard des expéditions, se souciant fort peu du
sort de ses sujets, et que ce ne fut que sous le règne de son petit-fils Kâon
Mamadi dont le père Diourounikou avait été détrôné et tué par l’usurpateur
Sékouré, captif de la couronne, que l’empire Manding commença à prendre tournure
d’un État organisé et que Niani fut choisie définitivement comme résidence des
souverains31.
32
J. Cuoq, 1975,
p. 344.
24Au-delà
des contradictions évidentes que présente la conclusion de sa contribution à la
légende de Sunjata Keita, c’est sans doute grâce aux traditions orales liées au
héros fondateur mandingue qu’il a entendu parler des ruines de Niani ; il
procède ici à une hiérarchisation de la documentation. Les informations qu’il livre
sont celles de l’histoire dynastique du Mali contenue dans le Kitāb al-ʽIbar
d’Ibn Ḫaldūn32, dont il a une connaissance certaine puisqu’il s’en sert pour
« corriger » une partie de la tradition orale avec laquelle il est en
désaccord. Même s’il n’explique pas pourquoi selon lui Niani fut choisie plus
tard comme capitale par les successeurs de Sunjata Keita, il place ici les
sources de l’histoire de celle-ci hors de la tradition orale et dans les textes
arabes. Ce qui explique son utilisation exclusive de ces derniers dans ses deux
articles de 1923 sur le Mali. Voyons maintenant comment Niani s’est imposée à
l’issue des débats de la science coloniale.
33
L.-G. Binger, 1892,
p. 56-57.
25Lorsque
M. Delafosse publie son Haut-Sénégal-Niger en 1912, il valide les
thèses de L.-G. Binger qui situait la capitale près de Niamina33.
34
J. Vidal, 1923a,
p. 257.
26Avant
décembre 1922, Jules Vidal rédige un article sur la question de la capitale.
D’emblée il se démarque très clairement des idées de Binger et Delafosse :
« La thèse adoptée par Barth et MM. Binger et Delafosse, en ce qui
concerne la fixation de l’emplacement de Mali, demeure incertaine, sinon erronée34. » Par cette déclaration, il engage un débat avec Delafosse qui
devait durer deux ans, et au terme duquel ce dernier finit par accepter son
hypothèse en la complétant, ce qui tendit à effacer la visibilité de Vidal sur
la question. Publiées en 1923, les conclusions que Vidal tire de son premier
« essai » sur la capitale visent d’abord à établir une concordance
entre l’emplacement de Niani et l’itinéraire d’Ibn Baṭṭūṭa. Toutefois
il ne prononce pas encore le nom de Niani :
35
J. Vidal, 1923a,
p. 267.
Pour résumer
cette controverse un peu longue et formuler mon opinion sur la question qui
nous préoccupe, je conclus, texte d’Ibn Battuta en main :
1. Que la capitale de l’Empire mandingue n’a jamais existé dans la région de Nyamina ;
2. Que l’emplacement de cette capitale doit être recherché soit dans la boucle formée par le confluent du Niger et du Sankarani, soit dans la région de Faraba, à l’est de ce dernier fleuve35
1. Que la capitale de l’Empire mandingue n’a jamais existé dans la région de Nyamina ;
2. Que l’emplacement de cette capitale doit être recherché soit dans la boucle formée par le confluent du Niger et du Sankarani, soit dans la région de Faraba, à l’est de ce dernier fleuve35
36
« M. Vidal fut le premier Européen, de mémoire d'homme, qui
vint à Niani », M. Gaillard,
1923, p. (...)
37
M. Montrat, juillet
1958.
27Puis, il
se rend sur le site de Niani en décembre 1922, à la demande du gouverneur
général de l’aof, Martial Merlin.
Selon M. Gaillard, il aurait été le premier Européen à faire ce voyage36. Toutefois, dans une notice écrite le 26 mars 1931 et publiée seulement en
1958 par Notes africaines37, Maurice Montrat, administrateur en poste pendant quatre ans à Siguiri,
indique qu’il passe à Niani en 1918 et 1922 pour faire une enquête de terrain,
sans préciser s’il a vu les ruines ou simplement le village. Quoi qu’il en
soit, le compte rendu de Vidal, publié plus tard en 1923, s’appuie sur des
entretiens qu’il dit avoir eus avec des membres de la famille royale, d’un
côté, et des successeurs des griots de la famille royale du Mali, de l’autre.
Sans fournir la somme des informations recueillies ni la manière dont il les a
obtenues, il raconte simplement les enseignements qu’il a pu en tirer et fait
correspondre les localités perdues de l’itinéraire d’Ibn Baṭṭūṭa avec des
villages contemporains pour le faire arriver à Niani. À l’issue de sa
démonstration il propose la synthèse suivante :
38
J. Vidal, 1923c,
p. 607.
Des
renseignements affirmés de la manière la plus catégorique par tous ces
informateurs, il résulte que :
1. Jamais, au grand jamais, les souverains mandingues n’ont résidé autre part que dans le Manding dont la limite septentrionale sur le Niger est Bamako ;
2. Que ces souverains ont eu successivement plusieurs capitales : la première, antérieure à Soundiata, le fondateur de l’empire, se nommait Diériba, à l’emplacement du village actuel Diéribakoro, près de l’embouchure du Milo, sur la rive gauche du Niger et en amont de Siguiri ; la seconde, qui fut la plus célèbre et conserva son rang pendant plusieurs siècles, se nommait Niani, à l’emplacement du village actuel du même nom, situé près du fleuve Sankarani, affluent du Niger, à la limite des colonies du Soudan français et de la Guinée38.
1. Jamais, au grand jamais, les souverains mandingues n’ont résidé autre part que dans le Manding dont la limite septentrionale sur le Niger est Bamako ;
2. Que ces souverains ont eu successivement plusieurs capitales : la première, antérieure à Soundiata, le fondateur de l’empire, se nommait Diériba, à l’emplacement du village actuel Diéribakoro, près de l’embouchure du Milo, sur la rive gauche du Niger et en amont de Siguiri ; la seconde, qui fut la plus célèbre et conserva son rang pendant plusieurs siècles, se nommait Niani, à l’emplacement du village actuel du même nom, situé près du fleuve Sankarani, affluent du Niger, à la limite des colonies du Soudan français et de la Guinée38.
Carte du
vieux Manding
Hadrien
Collet
39 Il
ne précise pas la nature de cette « aide ».
28À partir
de ce moment, Niani est l’objet de toutes les attentions de la part des
historiens coloniaux. Puisque le travail de J. Vidal, avant tout
littéraire et s’apparentant à une objectivation de la relation de voyage d’Ibn
Baṭṭūṭa, a convaincu, un travail de terrain paraît nécessaire. Dès juin 1923,
Maurice Gaillard, administrateur-adjoint des colonies, se rend à Niani à la
demande du lieutenant-gouverneur de Guinée et commence des fouilles avec
l’« aide39 » des habitants du village contemporain. Dans
l’article qu’il a tiré de son expérience, il précise que sa démarche est
d’abord d’obtenir le maximum d’informations sur les traditions orales relatives
aux ruines, ce qui lui permet d’établir une périodisation de l’occupation du
site en quatre temps :
40
M. Gaillard, 1923,
p. 622-623.
Par Niani 1,
la première ville de Niani. Par Niani 2, la ville de Niani Mansa Mamourou,
détruite sous Nanamoudou en 1696. Par Niani 3, la ville de N’Fa Kaba, détruite
par le chef de Ségou ; Niani sans indice désignera l’actuel village de
Niani, reconstruit par Fadyi en 187740.
29Son effort
consiste aussi en une analyse topographique des lieux afin de voir s’ils
avaient pu être à même d’accueillir en leur sein une ville de la dimension
d’une capitale. Concernant les fouilles, il met en avant la présence de fours
catalans, d’une industrie du fer développée, et consacre un long appendice aux
fragments de poteries retrouvés. D’une manière générale, il est clair que ses
objectifs n’étaient pas tant de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse de Vidal
que de lui donner une certaine épaisseur en approfondissant les connaissances
sur Niani. Quoi qu’il en soit, le titre de son article est sans
équivoque : « Niani, ancienne capitale de l’Empire mandingue ».
30Vidal et
Gaillard ont donc bien été les pionniers des débats autour de Niani. Leur thèse
a été rapidement adoptée par Maurice Delafosse, qui s’affronte également avec
Vidal sur la question du royaume du Ghana, sans transiger cette fois-ci avec
ses convictions41.
31Si la
logique de J. Vidal avait surtout été d’orienter vers Niani l’itinéraire
contenu dans la Riḥla, lui permettant ainsi d’affirmer
avoir retrouvé la capitale, un problème majeur demeurait. En effet, les sources
arabes ne comportent pas explicitement le nom de Niani. Or nous avons déjà
évoqué la place prédominante accordée aux géographes et voyageurs arabes par
les « historiens coloniaux ». L’histoire médiévale du Sahel ne
pouvait donc pas s’écrire en parallèle des données contenues dans les
manuscrits.
32Pas de
Niani, donc. Comme on peut le voir, les noms utilisés par les auteurs arabes
pour désigner la capitale sont assez différents les uns des autres. Si les
graphies données par Ibn Ḫaldūn et al-ʿUmarī ont une structure
« morphologique » qui porte des ressemblances, les points
diacritiques montrent qu’ils ont utilisé des racines trilitères bien distinctes
pour écrire le nom. Néanmoins il est permis de penser qu’ils parlaient tous les
deux de la même ville, bien que le nom soit orthographié différemment.
contre les
Soso. Tout en montrant que toutes les versions de l’ascension de Sunjata qu’il
a en sa possession font de Dakajalan le centre des opérations militaires
pendant la guerre contre les Soso, il étend le rôle martial et administratif de
la ville à la période suivante, lors de l’unification et des conquêtes. Il
remet aussi en cause dans la version de D.T. Niane le fait que, à la
victoire lors de la bataille de Kirina, une assemblée se soit réunie à Kangaba
pour désigner Sunjata comme roi du royaume naissant. En effet, une fois encore,
Dakajalan concentre les faveurs de la majorité des traditions orales.
89Reste à
traiter l’épineux problème de la localisation de Dakajalan. Pour Conrad, les
obstacles à sa localisation sont nombreux ; elle est restée dans l’ombre
de l’histoire pendant que Niani était portée à la lumière, aucune ville ne
s’est développée près de ses ruines, elle n’est pas devenue, à l’inverse de
Kangaba, un lieu public de spectacles et, finalement, son emplacement a été
perdu par tous les types de sources. Nous en revenons ici à un problème déjà
évoqué, celui du secret qui entoure certains sites anciens considérés
dorénavant comme sacrés. Youssouf Tata Cissé et Niane se sont heurtés au refus,
ou à une ignorance maquillée en refus, des traditionnistes qui invoquent une
raison religieuse au fait que ces sites ne doivent jamais être trouvés, ce qui
équivaudrait à une profanation. Selon D. Conrad, cette méfiance
remonterait aux djihads d’al-Hajj ʿUmar et de Samory Touré du premier xixe siècle, qui mirent
à mal les sites relevant des religions dites « traditionnelles », à
la présence française ainsi qu’aux chercheurs africains et non africains trop
curieux à leur goût.
il l’écrit,
il est déjà retrait (...)
102D’autre
part, la pérennité de Niani est peut-être aussi liée à la quasi-désertification
de la recherche académique sur le Mali médiéval en France133, à partir des années 1970 : en dehors de
quelques universitaires anglophones moins imprégnés par la littérature
coloniale francophone, la vieille historiographie de Niani a réussi en France à
conserver une certaine vigueur134.
103Aujourd’hui,
la recherche continue. Qu’elle postule l’existence d’une capitale précoce,
centrale ou tardive, d’une seule capitale sur la longue durée, de deux ou bien
d’une multitude au même moment ou à travers le temps, la question relative à la
capitale du Mali rassemble un flot d’hypothèses dont il est parfois bien
difficile de distinguer les différents courants.
104La place
prise par les publications anglophones depuis les années 1970, succédant à
l’hégémonie francophone de la période coloniale, pouvait faire penser que Niani
était définitivement écartée. C’était sans compter sur la résilience de l’historiographie
française qui a su redonner récemment au site un second souffle. Pourtant, il
serait assez raisonnable, en l’absence de preuves définitivement convaincantes,
d’adopter la plus grande précaution et de conserver une certaine prudence
vis-à-vis de Niani, qui est loin de constituer la capitale incontestable du
Mali au xive siècle.
105La
question de la capitale n’étant pas résolue, elle ne pourra connaître d’avancée
significative qu’avec un travail de terrain, malheureusement impossible
aujourd’hui. Il faut continuer à être patient. Cependant l’archéologie, avec sa
technologie et ses techniques sans cesse en évolution, ne peut plus continuer à
chercher des sites reflétant idéalement les descriptions des textes arabes.
Jusqu’ici, ceux-ci se sont avérés être des auxiliaires précieux autant que des
handicaps pour les archéologues. Pris au premier degré, ils conduisent à trop
se focaliser sur les marqueurs forts (mosquée, cimetière, palais) et éclipsent
le reste. À la lumière des dernières fouilles réalisées en Afrique
subsaharienne, il est désormais évident que les villes du Nord-Sahel sont
fortement influencées par l’urbanisme du Maghreb. Une fois que l'on est
véritablement entré dans le Sahel, l’architecture est davantage soudanaise. Il
s’agit d’un autre monde urbain que l’on connaît encore très peu. Après tout, il
est probable que la description sommaire de la capitale du Mali faite par Ibn
Baṭṭūṭa, qui avait plutôt tendance à décrire longuement les villes – surtout
arabes – qu’il a visitées pendant son voyage, vienne du fait qu’il avait
affaire à une structure urbaine originale qu’il ne comprenait pas complètement
ou qui n’avait pas de valeur à ses yeux, le conduisant à se contenter de
décrire les éléments qui lui étaient familiers. Il conviendrait donc d’éviter
d’avoir comme objectif une confirmation systématique des textes arabes, si l’on
entreprend des fouilles dans la zone sahélienne ou sahélo-soudanaise. Il reste
encore à définir les outils et les concepts qui permettraient de repenser
complètement cet espace afin d’avoir une meilleure compréhension des autres
ruines médiévales – leur place dans l’espace malien et leur fonctionnement
interne – qui sont encore à découvrir.
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qui a précédé la décadence du Mali (de 1660-1670) », L’Essor,
p. 2.
Triaud, J.-L., 1998, « Haut-Sénégal-Niger,
un modèle "positiviste" ? De la coutume à l’histoire :
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J.-L. Amselle, E. Sibeud (dir.), Maurice Delafosse.
Entre orientalisme et ethnographie : itinéraire d’un africanisme,
Paris, Maisonneuve et Larose, p. 210-232.
Triaud, J.-L., 1999, « Le nom de
Ghana. Mémoire en exil, mémoire importée, mémoire appropriée », in
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enjeux de mémoire, Paris, Karthala.
Vansina, J., De la tradition orale
essai de méthode historique, Tervuren, Musée royal de l'Afrique Centrale,
Annales, série in-8°, Sciences humaines, n°36.
Vidal, J., 1923a, « Au sujet de
l’emplacement de Mali (ou Melli), capitale de l’ancien empire mandingue »,
Bulletin du Comité d’études historiques et scientifiques de l’aof, avril-juin, n° 2,
p. 251-268.
Vidal, J., 1923b, « Le mystère de
Ghana », Bulletin du Comité d’études historiques et scientifiques de l’aof, juillet-septembre, n° 3,
p. 512-524.
Vidal, J., 1923c, « Un problème
historique africain. Le véritable emplacement du Mali », Bulletin du
Comité d’études historiques et scientifiques de l’aof, octobre-décembre, n° 4, p. 606-619.
Vidal, J., 1924, « La légende
officielle de Soundiata », Bulletin du Comité d’études historiques et
scientifiques de l’aof,
n° 7, p. 317-328.
Notes
1 S. Dulucq utilise cette expression en
l’appliquant aux administrateurs coloniaux, liés au monde académique ou simples
passionnés, qui ont fait œuvre d’historiens. Voir S.Dulucq, 2009, p.228.
2 W.D. Cooley,
1966 (1re éd. 1841).
3 J.Vidal,
1923a.
4 Cette nécessité est sûrement encore plus grande
à cause de l'épineux problème de la décolonisation de l'histoire africaine et
les débats qu'elle a suscités. Pour approfondir la question, voir E.Sibeud, 2004 et 2011 ; C.Lefebvre, 2011.
5 Pour une réflexion d’ensemble sur cette
question, voir D. Pestre,
1995.
6 T.Monod,
avril 1959, p.34.
7 P.F. de
Moraes Farias, 2003.
8 P. Masonen,
2000.
9 Voir par exemple le travail de S. Nixon à
Es-Sūq (S. Nixon, 2010 ;
S. Nixon et al.,
2011), qui a prouvé que des flans d’or était frappés au sud du Sahara à la
période médiévale, ce qui a des conséquences sur la façon de penser le rôle de
cette ville aux niveaux local, régional et international, ses interactions avec
les royaumes soudanais ou encore les raisons qui pousseraient à la conquérir.
10 Maurice Delafosse (1870-1926) est un
administrateur colonial, linguiste, enseignant et essayiste. Il consacre
quasiment toute son œuvre à l'Afrique, son histoire et ses langues. À partir de
1909, il enseigne à l'École des langues orientales et à l'École coloniale, puis
il est nommé, pendant la Première Guerre mondiale, responsable des affaires
civiles du gouvernement de l'AOF. Il résida uniquement à Paris après la guerre
et est demeuré longtemps comme le grand spécialiste des sociétés de l'Afrique
subsaharienne, notamment grâce à des ouvrages monumentaux (Haut-Sénégal-Niger,
1912).
11 J.-L. Triaud,
1998, p. 215-216.
12 J.-L. Triaud,
1998, p. 217.
13 P. Masonen, 2000,
p. 306-318.
14 Comme l’épigraphie dans la région Gao par
exemple, voir P.F. de Moraes Farias,
2003, p. lv.
15 Timothy Insoll parle d’« abus
d’usage » (T. Insoll,
1994).
16 J. Cuoq,
1975, p. 296-301.
17 J. Cuoq,
1975, p. 312-315.
19 Voir A. Muhammad,
1985 ; P.F. de Moraes Farias,
1985 ; T. Insoll, 1994,
2004 ; J. Hunwick, 2005.
20 F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003.
21 F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003, p. 105.
22 F.-X. Fauvelle-Aymar, B. Hirsch, 2003, p. 97 et 105.
23 P. Masonen, 2000,
p. 458-461.
24 P. Masonen, 2000,
p. 460.
25 J. Vidal,
1923a, 1923c, 1924.
26 Bulletin officiel du ministère des Colonies,
1900, p. 456.
27 M. Ruedel,
L.-G. Thebault, Les
Annales coloniales, 27 juillet 1912, p. 2.
28 Le titre de sa fonction est mis en exergue et
accompagne son nom dans chacun de ses articles.
29 Par exemple dans son article sur le
Ghana : « Grâce […] aux informations que j'ai pu recueillir dans les
milieux indigènes aux cours de ma longue carrière au Soudan », J. Vidal, 1923b, p. 513.
30 J. Vidal, 1924,
p. 317.
31 J. Vidal, 1924,
p. 328.
32 J. Cuoq, 1975,
p. 344.
33 L.-G. Binger,
1892, p. 56-57.
34 J. Vidal, 1923a,
p. 257.
35 J. Vidal, 1923a,
p. 267.
36 « M. Vidal fut le premier Européen,
de mémoire d'homme, qui vint à Niani », M. Gaillard, 1923, p. 621.
37 M. Montrat,
juillet 1958.
38 J. Vidal,
1923c, p. 607.
39 Il ne précise pas la nature de cette
« aide ».
40 M. Gaillard, 1923,
p. 622-623.
41 J.-L. Triaud,
1998, p. 226.
43 Fonds arabe de la BnF, manuscrit 2287, Tuḥfat al-nuẓẓār fī gharā’ib al amṣar wa ‘adjā’ib al-asfār.
45 On pourrait effectuer la même opération avec un ʾalif
maqṣūra à la fin ce qui donnerait la même
chose mais avec un a en voyelle longue finale, en mettant une ḍamma, voyelle brève qui correspond au u,
sur les consonnes ou encore en mettant une fatḥa voyelle brève a sur le yā' final, ce
qui donnerait le son ya, exemple : banaya. La vocalisation pour une racine
de trois lettres est donc très riche.
46 Il est généralement admis aujourd’hui que Maḥmūd Kaʿti n’est pas l’unique auteur du Ta’rīḫ al-fattāš. Il est plus que probable qu’il le
commença et qu’il fut achevé par des membres de sa famille, par l’un de ses
petits-fils notamment. Pour plus de détails, voir N. Levtzion, 1971.
47 Une erreur s’est glissée dans la traduction
française de Houdas et Delafosse. Dans la note p. 66, on peut lire
que le nom de la capitale est Yanʿ (يَنْع) et non Yaniʿ. Or, si
on se réfère au texte arabe, le nom donné par les manuscrits est bien Yaniʿ,
comme indiqué dans le tableau.
48 J.-L. Triaud,
1998, p. 226.
49 Pour en savoir plus sur le rôle de Maurice
Delafosse dans la construction d’une histoire africaine par les Européens et
notamment sur son rôle de médiateur de cette histoire en France, voir
J.-L. Triaud, 1998,
p. 210-232.
50 M. Delafosse,
1924, p. 479.
51 M. Delafosse,
1924, p. 514.
52 M. Delafosse,
1924, p. 514.
53 Il n’avait pas connaissance du texte d’al-ʿUmarī.
54 M. Delafosse,
1924, p. 519-520. Les guillemets sont reproduits comme dans le texte
original dans la mesure où, par la densité dans l’emboîtement des idées, ils
reflètent certainement dans ce passage l’état d’effervescence intellectuelle de
l’auteur sur cette question. En outre, le nom d’Ebn Ouaçoul est accompagné
d’une note dans le texte original dans laquelle il est dit qu’il était un informateur
d’Ibn Ḫaldūn.
55 Ça n’est que récemment que les toponymes écrits
en arabe ont commencé à être donnés en translittération ou simplement sous une
forme consonantique en l’absence de vocalisation. Comparer par exemple les deux
recueils de sources arabes de J. Cuoq,
1975 ; N. Levtzion,
J.F.P. Hopkins, 1981.
56 C. Monteil,
1929.
57 M. Montrat,
1958, p. 91.
58 M. Montrat,
1958, p. 92.
59 Notes africaines publie en 1959 un autre
court article retrouvé dans la documentation de l’ifan, celui d’un certain instituteur, H. Hervé, daté du
25 juin 1938 et intitulé « Niani, ex-capitale de l’empire manding ».
À l’instar de M. Montrat, il a également entrepris un voyage à Niani pour
« y recueillir la tradition locale et rechercher les traces de l’ancienne
capitale » (H. Hervé,
avril 1959, p. 51). Hormis le fait que d’après son titre il souscrivait
entièrement à l’hypothèse de Niani comme capitale et qu’il a sans doute
participé d’un mouvement dans les années 1930 (même s’il est difficile de
généraliser à partir de deux exemples) qui a voulu voir « Niani de
près », son article n’apporte pas grand-chose de nouveau.
60 Cette idée entre en résonance avec la citation
de Théodore Monod qui figure en introduction.
61 E. Sibeud,
2011, p. 3-4.
62 E. Brizuela-Garcia, 2006, p. 87.
63 J. Vansina,
1961.
64 David Newbury a reconstitué le long débat
ouvert par Vansina en 1961 et les nombreuses critiques qu’il a dû affronter.
Son analyse, qui serait trop longue à développer ici, porte sur
l’historiographie de l’oralité de 1960 à 1985 et est un bon éclairage, centré
sur le personnage de Vansina, des débats et des évolutions dans les théories et
les pratiques de l’oralité. Voir D. Newbury,
2007, p. 213-254.
65 Voir la vidéo de l’ina de l’émission « Cinq colonnes à la
une » : le 10/01/2013).
66 Pour avoir un aperçu d’ensemble de la
chronologie de la fédération du Mali, voir l’article de RFI (consulté le
10/01/2013). Se reporter également à l’émission de La Fabrique de l’Histoire
diffusée sur la radio France Culture le 06/02/2013 :
67 Cette idée a déjà été développée par David
Conrad avec d’autres exemples (D. Conrad,
1994).
68 Unique quotidien pendant les années 1960. Le
quotidien en langue bambara Kibaru paraît pour la première fois en 1972.
69 Voir article de Bakary Coulibaly : « L’Essor,
témoin de l’histoire », (consulté le 19/11/2012). Pour illustrer
l’utilisation de l’histoire du Mali dans un but résolument nationaliste :
« Le Mali, notre patrie, a été, sans conteste, le plus puissant et le plus
vaste des empires de l’Ouest africain, du Moyen Âge au xixe siècle ». Ou encore :
« Je me propose de représenter l’histoire du Mali sous une forme très
simple, par suite, accessible à tous les lecteurs, car, pour bien aimer sa
patrie, du fond de votre cœur, il faut en connaître l’histoire, le passé
glorieux », M. Sidibé,
29 avril 1963, p. 6. Un autre exemple, qui figure dans cette introduction
inaugurale à sa collaboration avec L’Essor, illustre ce nationalisme
dont nous parlons : « Rencontrer des difficultés, des obstacles,
c’est, pour un homme ou une nation nouvellement née, tremper les caractères,
les âmes qui font des familles unies, fortes et prospères, des hommes capables
de bien tenir le gouvernail des nations décidées à réussir. Le Mali est
semblable à une hydre à plusieurs têtes que l’adversaire ne peut abattre d’un seul
coup, car si un Malien (ou une Malienne) tombe, dix le remplacent »,
M. Sidibé, 29 avril 1963,
p. 6.
71 À ce propos, voir l’étude de Bernard Mouralis
qui aborde spécifiquement la question (B. Mouralis,
2004).
72 M. Sidibé,
6 mai 1963, p. 4.
73 Un exemple de cette construction d’une identité
nationale malienne qui se fait par l’histoire se trouve dans un de ses articles
écrits pour L’Essor : « L’armée malienne avait cent mille
hommes dont dix mille cavaliers tous armés de flèches empoisonnées, d’arcs, de
hachettes, de coutelas, de sabres, etc. Elle assurait la défense du territoire
national », 10 juin 1963, p. 2. L’expression « territoire
national » pour le royaume du Mali est ici clairement anachronique.
74 Par exemple : « Cette civilisation
[celle du Mali] négro-africaine, par ses institutions, politiques, sociales,
religieuses et judiciaires, était nettement supérieure à celle des États
européens qui se disent civilisés aujourd’hui, alors que la colonisation
européenne les avait gratifiés de sauvages et de sanguinaires. Cependant, au
Moyen Âge, pendant que l’administration malienne avait instauré la paix et la
sécurité, il y avait des guerres continuelles en Europe médiévale »,
M. Sidibé, 10 juin 1963,
p. 2.
75 M. Sidibé,
29 avril 1963, p. 2.
76 M. Sidibé,
13 mai 1963, p. 3.
77 Cette conception est relativement bien acceptée
à cette période. Toujours dans sa préface pour le numéro spécial consacré à
l’empire du Mali par Notes africaines, en 1959, T. Monod
déclare : « 1670-1959 : 289 ans. Le Mali, réduit en 1670
par la conquête bambara à la dimension d’une province, renaît de ses cendres.
Il nous a paru qu’il valait la peine de réunir en un même fascicule un certain
nombre de documents destinés à renseigner nos lecteurs sur le premier Mali. Les
Africains veulent connaître leur histoire » (T. Monod, avril 1959, p. 34). À noter
que Monod parle ici de la fédération du Mali et pas encore de la république du
Mali, mais l’idée demeura la même.
78 « En Afrique noire, il faut faire la
distinction entre la tradition populaire, véhicule des légendes historiques, et
ce que nous appellerons la "tradition-archives" : celle-ci, pour
l’Ouest africain, est détenue par ceux que l’on appelle communément "griots".
Autrefois dans les cours royales, le griot a joué le rôle du chancelier,
l’homme qui possède tous les documents sur les coutumes et les traditions des
rois et qui les dit au roi de vive voix. Le griot a été le lien vivant des
souverains de l’Ouest africain », D.T. Niane, 1975, p. 7-8.
79 Cette seconde édition n’a pas, semble-t-il, été
remaniée puisque D.T. Niane n’y parle pas du tout de sa présence à Niani
et exprime même ses regrets de pas avoir pu se rendre sur le site alors
qu’avant 1975 il s’y est rendu plusieurs fois. D.T. Niane, 1975, p. 78.
80 1324 correspond au pèlerinage de Mansā Mūsā à
La Mecque et 1353 à la présence du voyageur marocain au Mali. Elles figurent
parmi les seules dates fiables dont nous disposions.
81 D.T. Niane,
1975, p. 77-79.
82 Ses cahiers scientifiques de terrain témoignent
dans leur ensemble de liens étroits avec l’administration coloniale et
notamment certains officiers de l’armée française qui mettent à sa disposition
véhicules et équipement. Pour en savoir plus sur les conditions de la recherche
en Afrique de l’Ouest à cette période, nous conseillons ici la lecture
passionnante des Cahiers de terrain de Raymond Mauny, dont la
publication est assurée par Fabrice Melka, disponible en ligne :
. Consulté
le 9/01/2013.
84 Fonds Raymond Mauny, Bibliothèque de recherches
africaines, CEMAf (Centre d’études des mondes africains).
85 R. Mauny,
avril 1959, p. 36.
86 R. Mauny,
avril 1959, p. 36.
87 R. Mauny, 1961,
p. 123-124.
88 W. Filipowiak,
1966, 1968, 1969.
89 Un exemple pris au hasard : « Nous
trouvons une description plus détaillée de la capitale du "Malel"
chez Ibn Batouta au xive siècle,
qui mentionne la rivière Sankarani (Sansara) », W. Filipowiak, 1968, p. 218.
90 Pour une analyse plus complète sur la façon
d’écrire l’histoire à l’époque coloniale dont le livre de W. Filipowiak
est à bien des égards une émanation tardive voir S. Dulucq, 2009 et B. Hirsch, 2005.
91 Mise au point par Willard Frank Libby
(1908-1980), prix Nobel de chimie en 1960, la première datation au carbone 14
est réalisée en 1949. Elle prit rapidement, sous l'impulsion de la communauté
des archéologues américains, une place incontournable dans les études
archéologiques.
92 R. Mauny à W. Filipowiak, lettre du
25 mars 1969, F.-X. Fauvelle-Aymar,
2013, p. 343. C’est R. Mauny qui souligne.
93 W. Filipowiak à R. Mauny, lettre du
28 avril 1969, F.-X. Fauvelle-Aymar, 2013, p. 344.
96 Un exemple, qui figure dans une revue polonaise
faisant un compte rendu du livre de W. Filipowiak, illustre un des enjeux
qui semblent apparaître, souvent en filigrane, dans les différentes
publications relatives à ces fouilles : « Il serait inutile de
souligner l’importance de cette problématique [retrouver la capitale du Mali]
pour la cristallisation de la conscience nationale des pays qui, héritiers des
traditions du Mali, n’ont pu recouvrer leur indépendance qu’il y a vingt ans
(Mali, Guinée) », M. Konopka,
1985, p. 233.
97 Y. Person,
1981.
98 M.-C. De
Graeve, 1983, p. 1-2.
99 M.-C. De
Graeve, 1983, p. iii.
100 M.-C. De Graeve,
1983, p. 4.
101 C. Meillassoux, 1972.
102 J. Hunwick, 1973.
103 Il conviendrait aussi de
signaler l’article de l’anthropologue marxiste Pierre-Philippe Rey qui
s’interroge également sur l’itinéraire d'Ibn Baṭṭūṭa mais sans s’intéresser à la
capitale du Mali. Son article est le dernier avatar de ce questionnement sur le
chemin emprunté par le voyageur marocain (P.-P. Rey, 1998).
104 Al-ʿUmarī
(texte), S. al-Munajjid, 1963.
105 N. Levtzion, J.F.P. Hopkins, 1981, entrée « al-ʿUmarī ».
106 Le yâ' (ي, le y) a en arabe
un double statut, il est semi-consonne et semi-voyelle, on peut donc le
transcrire en y ou en i long (î).
107 J. Hunwick, 1973, p. 198.
108 Voir R. et
S.K. McIntosh dont les publications s’étalent de 1981 à 2005 ;
J. Devisse, 1983 ;
S. Nixon et al., 2011,
K. MacDonald et al., 2011.
109 D. Conrad, 1994,
p. 367.
110 T. Insoll, 2003,
p. 320-322. Il est
important de noter que les archéologues anglophones ne sont pas tous unanimes
sur la question. Voir par exemple O. Atmore,
2003 (1re éd. 1981), qui fait le choix de Niani comme
capitale. D. Conrad donne également quelques noms d’auteurs anglophones
restés fidèles à Niani, D. Conrad,
1994, p. 355.
111 M. kaʿti, 1913,
p. 66.
112 K.-L. Green, 1991,
p. 127.
113 M. Kaʿti, 1913,
p. 66.
114 K.-L. Green, 1991,
p. 129-130.
115 N. Levtzion, 1973, p. 61-62 (réédité
sans réécriture pour cette question en 1980).
116 Par les reconstructions
généalogiques par exemple, avec la filiation à Bilali, premier muezzin de
l'islam, qui était un esclave noir racheté et affranchi par Abu Bakr.
117 L'existence de Mansa Wali est
attestée par le pèlerinage à La Mecque qu'il entreprit sous le règne de Baybar
(1260-1277), alors souverain du Caire.
118 Conrad ne précise pas
lesquels ni d'où ils sont originaires.
119 L'hypothèse de D. Conrad
reprend une vieille idée de Charles Monteil (C. Monteil, 1929) mais aussi, selon R. Mauny, d’Yves Person
à la fin des années 1960. Dans son Tableau géographique de l'Ouest africain
au Moyen Âge, Mauny rapporte p. 123-124 : « Enfin tout
récemment, Y. Person me disait que, d'après ses recoupements, Kri serait
Kilikourou, entre Tabou et Naréna, et non le village du même nom près de
Balangourou, et que la Dieliba primitive serait le village de ce nom sur la
rive gauche du Niger, à 38 km en amont de Bamako. La capitale de Soundiata,
selon lui, serait à Dakadiala, au confluent du Sankarani et du Niger, sur la
rive droite. » Dans son article, Conrad établit un lien entre Dakadiala et
« son » Dakajalan.
120 A. Ba Konaré, 1983.
121 J. Jansen, 2000,
p. 141.
122 À ce sujet, voir Y. Person, 1981 ; M. Ly, 1981.
123 J. Bazin, 2004, p. 51.
124 K. MacDonald
et al., 2011, p. 62.
125 R. Jr. Hunt Davis (dir.), 2005, p. 108. Si Niani n’est pas présentée comme
la capitale dans la notice qui lui est consacrée, il faut signaler néanmoins
certaines fautes factuelles importantes et une présentation pour le moins
originale du site qui nous interroge sur l’origine de ces informations : Niani
Key center of trade and business of the Mali empire. Niani was located near the confluence of the Niger and Sankarani rivers. It
thrived in an area that was near the Bure gold mines and that also was good for
farming. Rice, beans, yams, onions, grains, and cotton were among the commonly
grown crops. The area was densely populated, having at least 100,000
inhabitants in the 14th century. Although Niani was a bustling commercial city
during the rule of Sundiata (r. 1235–1255), it was during the later rule
of Mansa Musa I (r. 1307–1332) that the city reached its pinnacle as a
trading center for the entire western region of the Sudan. Scribes, judges,
guild chiefs, and treasury officials managed their daily affairs in Niani,
while gold, salt, and kola nuts were exchanged at the market. The Songhay
raided Niani early in the 15th century and added the city to their expanding
empire.
126 E. Cline (dir.), 2007, p. 62-64.
127 D.W. Phillipson, 1985.
128 D. Conrad, 2010 (1re éd. 2005),
p. 57.
129 Voir par exemple son Recherches
sur l’empire du Mali au Moyen Âge, 1962 (réédité en 1975).
130 P. Boilley, J.-P. Chrétien, 2010, p. 24.
131 Voir l’éditorial de
B. Hirsch pour la revue Afriques.
Débats, méthodes et terrains d’histoire, 2010.
132 R. Mauny, 1980, p. 265-266.
133 Voir l’éditorial de
B. Hirsch pour la revue Afriques.
Débats, méthodes et terrains d’histoire, 2010, notamment la partie sur la
« désertification » de cette histoire.
134 Le compte rendu de
R. Mauny était pourtant catégorique mais, quand il l’écrit, il est déjà
retraité, absorbé par ses responsabilités en tant qu’historien de sa ville,
Chinon, et ne suit plus l’histoire de l’Afrique que d’un œil lointain, bien que
toujours avisé.
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Collet,
« L’introuvable capitale du Mali. La question de la capitale dans
l’historiographie du royaume médiéval du Mali », Afriques [En
ligne], 04 | 2013, mis en ligne le 26 mai 2013, consulté le 06 août
2013. URL : http://afriques.revues.org/1098
Auteur
Doctorant,
université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre d’études des mondes africains (CEMAf)
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